baniere

Le lacher

Mes 5 premières leçons ont été consacrées au pilotage de base de l’avion : palier, montée, descente, virage en montée, vol lent … . Dès que la maitrise de l’avion fut suffisante, nous avons attaqué la phase répétitive des tours de piste : décollage, vent arrière, finale, toucher et ainsi de suite. Au début, l’instructeur gardait la main sur le manche au moment de l’arrondi et effectuait des corrections plus ou moins importantes suivant la réussite de l’opération ! Ma première grande satisfaction est arrivée quand j’ai constaté qu’il ne touchait plus les commandes ! Un beau jour (au sens propre et figuré), alors que je demandais à mon instructeur si j’annonçais un toucher ou un atterrissage complet à la radio, il m’a répondu : “Demandez une option” (demande effectuée lorsque l’on veut décider si l’on fait un toucher ou un atterrissage complet qu’une fois sur la piste). Dès que les roues ont touché le sol et que la vitesse fut maitrisée, il reprit les commandes et freina énergiquement en annonçant à la radio :

“C’était un complet”. Nous quittons la piste et une fois la limite franchie, il annonce au contrôle ” Tango Yanke, piste dégagée, pour remonter au point d’arrêt après une courte halte devant les pompes, ça repart pour son premier solo”.

Grande bouffée de chaleur, je savais que le moment de voler seul approchait mais je n’avais pas imaginé que ça serait pour cette fois. Nous nous arrêtons donc devant les pompes et l’instructeur fait ses dernières recommandations :

” Ça va, vous vous sentez bien ? Bon, vous n’avez qu’à faire la même chose, un tour de piste et vous revenez. Si ça ne se passe pas bien, n’hésitez pas à remettre les gaz mais n’oubliez pas que dans tous les cas, il faudra finir au sol, alors faites en sorte que ça soit sur la piste et en douceur”.

Il débrancha son casque et sortit de l’avion. Je remontai au point d’attente et demandai l’autorisation de m’aligner :

” Tango Yanki, prêt au départ.” “Tango Yanki, alignez-vous piste 30, autorisé décollage Tango Yanki” , ” Je m’aligne piste 30, autorisé décollage, Tango Yanki”

Après  m’être soigneusement aligné et avoir recalé le conservateur de cap, je rencontrai la plus grande difficulté : mettre la main sur la manette des gaz et pousser à fond. Il m’a fallut quelques secondes hésitantes avant de prendre une grande inspiration et de m’exécuter.

2300 tr/min, badin actif, pas d’alarmes, on poursuit. 100 km/h : Vitesse de rotation, je tire doucement sur le manche, l’avion décolle et prend de la vitesse. Je suis surpris de cette rapidité, avec une seule personne à bord, on sent la différence ! J’ajuste l’assiette pour obtenir 130 km/h et en quelques secondes, j’attends les 300 pieds. Volets rentrés, pompe électrique coupée, pression d’essence ok 140 km/h. J’enchaine les actions sans avoir le temps de repenser une seule fois au fait que je suis seul à bord. 500 pied, virage à gauche. 1000 pieds, mise en palier, 150 km/h, réduction des gaz et deuxième virage à gauche. Je poursuis la “vent arrière”. 150 km/h, 1 cran de volet, réchauffe carbu et pompe électrique ON.

“Tango Yanki, en vent arrière.” “N°1, rappelez finale tango yanki”. “N°1, je rappelle finale tango yanki”

J’atteins la voie de chemin de fer, virage a gauche, réduction des gaz et début de la descente. Dernier virage, 500 pieds, deuxième cran de volet, 130 km/h.

“Tango Yanki, en finale pour un complet.” “Autorisé atterrissage piste 30 Tango Yanki.” Autorisé atterrissage piste 30 Tango Yanki.”

120 Km/h, la piste se rapproche, je suis dans le plan, je réduis légèrement, 115 km/h, je suis proche du seuil de piste, je réduis tout, je tire doucement sur le manche jusqu’à prendre contact avec le sol. Posé du train principal, de la roue avant, l’avion décélère tranquillement en laissant passer les premières bretelles et quitte la piste.

“Tango Yanki, piste dégagée.” “Roulez à l’écoute du sol et quittez au park”. “Je roule à l’écoute du sol et quitte au park tango yanki, au revoir”.

Transpondeur réchauffe et pompe OFF, volet rentrés. Une fois l’avion stationné, frein serré, essai coupure et plein pauvre, je coupe les magnetos, tous les contacteurs, sors les volets et descends de l’avion. Je suis surpris par mes premiers pas : j’ai les jambes en coton ! L’instructeur me félicite. Premier solo de 11 min réussi après 9H59 de doubles commandes ! Je commence à réaliser que je viens de voler seul, deuxième coup de chaud !

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